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Financer son projet à Madagascar sans banque : des solutions chiffrées et modernes

Madagascar reste l’un des pays les moins bancarisés au monde, avec seulement environ 30 % des adultes ayant accès à des services financiers formels et seulement 5 % obtenant un crédit classique. Mais cela n'empêche pas des centaines de milliers d’entrepreneurs de se lancer — grâce à des méthodes alternatives structurées, solidaires et parfois numériques.
17 juillet 2025 par
Financer son projet à Madagascar sans banque : des solutions chiffrées et modernes
L'influenceur

Microfinance : un secteur en expansion mesurée

  • Le nombre de clients de microfinance est passé de 600 000 en 2008 à plus de 2 millions en 2022, soit une croissance de plus de 300 %. allAfrica.fr
  • L’encours total des crédits a bondi de 119 milliards MGA (2008) à plus de 1 000 milliards MGA aujourd’hui, avec un montant moyen de prêt de 900 000 MGA (~220 €).
  • En 2023, environ 200 000 personnes étaient actives dans le microcrédit à Madagascar (+22 % vs 2022) ; taux d’intérêt mensuel variant entre 1,5 % et 2,5 %, soit de 18 % à 30 % par an .
  • Le taux de retard reste limité (~3,9 %) et 85 % des emprunteurs utilisent le crédit à des fins productives.

Conclusion : malgré des taux élevés, le microcrédit est en croissance rapide et joue un rôle réel dans l’essor des activités productives dans tout le pays.

1. Tontines structurées : finance locale intuitive et flexible

Les tontines (vondrona), historiquement informelles, se professionnalisent grâce aux ONG, aux comités de gestion et aux plateformes numériques (groupes WhatsApp de suivi, comptes épargne automatisés).

Points clés :

  • Accès immédiat sans garantie bancaire : un système basé sur la solidarité.
  • Financement cumulé utilisable pour du matériel, capital de démarrage ou activités saisonnières.
  • Confidentialité, simplicité, coût faible — tout repose sur la confiance de groupe.

2. Crowdfunding / financement participatif : digital et communautaire

  • Réglementation en cours : la Banque Centrale travaille à encadrer légalement le crowdfunding et les réseaux d'agents financiers d’ici 2025. 
  • La croissance d’Internet, le besoin d’alternatives au crédit et la culture de solidarité favorisent l’émergence de plateformes reward‑based ou equity-based.
  • Ce format est particulièrement adapté aux projets artisanaux, culturels ou environnementaux, avec un effet visibilité et validation.


3. Leasing / crédit-bail : accéder à l’équipement sans trésorerie initiale

  • Permet d’utiliser immédiatement du matériel (véhicule, machine, outil professionnel).
  • De plus en plus d’acteurs locaux proposent des formules avec des mensualités modulées selon revenus saisonniers.
  • À terme, option d’achat possible — donne un accès agile à la modernisation des activités sans alourdir la trésorerie.

4. Microcrédit avec accompagnement : plus qu’un prêt, une formation

  • Institutions comme MicroCred (Groupe Baobab), CECAM, AccèsBanque ou PAMF (Aga Khan) offrent des microcrédits dès 100 000 MGA. 
  • PAMF : plus de 350 000 clients, répartis dans 20 agences rurales et urbaines. 70 % des emprunteurs vivent en zones rurales.
  • Les prêts sont souvent cumulatifs : démarrage à 80 000 MGA (~20 €), progression jusqu’à 300 000 MGA (~70 €).
  • Accompagnement structuré : formation à la gestion, épargne obligatoire (~20 % du prêt), suivi de terrain, parfois soutien en santé ou environnement via la microfinance verte.

Panorama comparatif des solutions

SolutionMontant typiqueTaux d'intérêtPoints fortsLimites
Microcrédit (MFI)80 000–900 000 MGA~1,5–2,5% / moisAccès rapide, accompagnement, impact socialTaux élevé, encadrement indispensable
Tontines structuréesVariableNégligeableSimplicité, proximité, confiance collectiveLimitée en montant, sans formalisation
Crowdfunding localSelon projetDons ou intérêt faibleValidation marché, engagement, visibilitéRisque d’échec, dépends du réseau
Leasing / crédit-bailÉquipement cibléEn fonction contratAccès immédiat au matériel sans immobilisationOption d’achat finale, dépend du fournisseur

Enjeux et perspectives

  • Inclusion financière : seulement 30 % de bancarisation adulte, 41 % d’exclusion totale en 2016. L’ambition nationale est de passer à 45 % d’accès au financement d’ici 2022. 
  • Digitalisation en progression : des millions d’utilisateurs de mobile money (M‑vola, Telma, BNI KRED). 
  • Potentiel de modèle panafricain : ces solutions peuvent inspirer d'autres pays confrontés aux mêmes obstacles financiers.


Recommandations pour un entrepreneur malgache

  1. Commencer par ce qui est accessible : rejoindre une tontine locale structurée pour l’épargne collective.
  2. Explorer le microcrédit productif si un projet clair est déjà envisagé.
  3. Tester le crowdfunding pour idées créatives ou projets culturels.
  4. Balancer leasing et microcrédit selon besoin : équipement ou fonds de fonctionnement.
  5. Prévoir le volet formation : gestion, épargne, logistique, marketing numérique.


Madagascar se dote progressivement d’un écosystème financier alternatif performant, proche des réalités locales et complémentaire aux banques. Les tontines, le microcrédit structuré, le leasing intelligent et les plateformes participatives offrent aux entrepreneurs les moyens de démarrer, se professionnaliser et se développer — sans passer par un prêt bancaire classique.

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